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Nous ferons du lobbying pour le développement de notre région

La présidente de la Coordination des élus et cadres de la Boucle du cacao (Cecb) explique les missions de cette nouvelle structure qui veut fédérer les efforts de développement dans le Sud-Est du pays.

Mme la présidente de la Coordination des élus et cadres de la Boucle du cacao (Cecb), quels sont les objectifs de cette nouvelle organisation ?
La Cecb est une association qui a été créée officiellement en 2014. Sa mission est de contribuer au développement de la vaste zone dénommée la boucle du cacao qui géographiquement correspond au sud-est de la Côte d’Ivoire comprenant six régions et 19 départements. C’est aussi une association qui veut rassembler non seulement les cadres et les élus de cette région, mais aussi d’une manière beaucoup plus large, tous ses ressortissants.
L’une des spécificités de notre organisation est d’avoir choisi de nous appuyer sur le terroir. D’où la place prépondérante que nous accordons à la chefferie traditionnelle. Il faut dire que pendant des décennies, il y a eu de nombreuses initiatives de regroupement qui ont avorté. En cherchant les raisons des différents échecs, nous nous sommes dit que c’est parce que nous ne nous étions pas adossés à ce qui constitue la spécificité de notre région. C’est-à-dire la chefferie. Car, chez nous toute entreprise qui ne bénéficie pas de son appui ou de sa bénédiction, a du mal à démarrer. Voilà pourquoi, dès le départ, nous avons, au niveau de la Cecb, rencontré tous les rois, les chefs de canton et de village et les responsables des communautés originaires de notre sphère géographique vivant à Abidjan. A savoir, les chefs de communautés, Agni, Abouré, Abbey, Attié.

Vous déclarez que la Cecb fera du développement. Comment s’y prendra-t-elle concrètement ?
Chez nous, on dit qu’une seule brindille de balai est facile à casser, mais un ensemble de plusieurs brindilles forment un balai qui est tout souple et qui peut être utilisé. En pensant à cet adage, nous avons compris qu’il fallait d’abord procéder à l’union entre les filles et les fils de notre région. D’où la création d’une chaîne de solidarité. Nos premières actions ont été de soutenir les uns et les autres dans leurs activités et dans les moments de peine ou de joie. Nous avons soutenu des actions dans le domaine de l’école comme la remise de prix aux meilleurs élèves.
Dans un premier temps, nous allons mettre l’accent sur ce type d’actions qui concourent au renforcement de notre solidarité. Nous allons prioriser aussi les actions de sensibilisation et d’information. Le site internet que nous avons créé va nous aider dans ce sens. La Cecb veut surtout être un point focal aussi bien pour les membres locaux, mais aussi pour notre diaspora. Pour cela, nous allons mettre en place des correspondants à l’étranger. Nous en avons déjà un à Paris qui fait la sensibilisation en France.
En ce qui concerne l’importante question du développement, notre premier projet est la confection du livre blanc de la région. Il y sera abordé les sujets relatifs à l’économie, au social et à la culture. Ce document sera utile pour l’information des uns et des autres. Parce que très souvent, il y a, à l’étranger, des associations de ressortissants de notre région qui veulent bien apporter des aides, mais elles n’ont pas de canaux disponibles. La Cecb veut être l’interface entre la diaspora et les administrations pour lui permettre de mener ses éventuels projets.

Les populations ont des besoins concrets qui, très souvent, ont pour noms, l’eau, l’éducation, la santé… Quelles sont vos projets pour y répondre ?
Pour le moment, nous nous employons à concocter notre programme d’actions. Il est en cours de réalisation. Notre zone est très vaste. Nous voulons faire en sorte que toutes les informations remontent de la base. Une commission dédiée y travaille en ce moment. Je dois dire que nos populations ont un esprit de solidarité. Je me souviens que la première électrification de la ville de Bongouanou a été faite autour de la chefferie traditionnelle grâce à la cotisation de tous les adultes. Donc, grâce à la solidarité, les populations mettent en place des projets locaux. Nous allons appuyer ces projets.

Quelles sont les attentes des populations ?
Du point de vue économique, leurs attentes concernent surtout les équipements. Le deuxième besoin est la scolarisation. Notre région est l’une des premières à être scolarisées. Mais, nous observons que s’il n’y a pas de grandes écoles et d’universités, les choses sont difficiles.
Au niveau de la couverture sanitaire, c’est vrai qu’il y a des centres de santé, mais l’offre n’est pas encore suffisante.
Au niveau culturel, il y a des attentes. Notre zone tient à son identité culturelle. Ce besoin est très fort. Les gens tiennent par exemple à ce que la chefferie traditionnelle ait une grande place dans la vie de la communauté. Cela est d’autant vrai que quand la Cecb a montré qu’elle voulait s’appuyer sur la chefferie, il y a eu un grand engouement.

Vous avez parlé tantôt de cotisation. L’argent est le nerf de la guerre. Comment la Cecb appréhende-t-elle cette question ?
Oui, cela est une difficulté. Comme c’est un projet qui s’adresse aux cadres et leaders d’opinion, il y a un droit d’adhésion qui est de 20 mille francs. La cotisation mensuelle est de 5 mille francs.

On ne peut pas construire une région avec de tels montants…
Je suis d’accord que ça ne peut pas construire une région. Mais, je pense que ce niveau de cotisation est acceptable. Si nous fixons le montant par exemple à 100 mille francs, l’organisation court le risque d’être un club fermé d’amis. Alors que nous voulons que chacun se sente concerné. Et puis, ce n’est quand même pas la Cecb qui va construire la région ? C’est en fait une structure d’information et de lobbying. Elle se donne pour mission de mener des plaidoyers auprès des administrations, des fondations des entreprises privées, des institutions internationale et autres structures qui pourront alors venir en aide à la région.

Quel type de relations allez-vous entretenir avec l’administration ?
Une association doit être autorisée. La Cecb l’est parce qu’elle a été agréée en bonne et due forme…
Je vous pose cette question parce que vous avez parlé tantôt de lobbying. Vous aurez certainement des actions à mener auprès de l’Etat… J’ai parlé de lobbying parce que ce sera le rôle des élus. Ce sont eux qui connaissent les besoins des populations. Et ils savent à quelle administration précise, il faut s’adresser pour attirer l’attention de l’Etat sur un tel ou tel problème.

Qu’attend la Coordination des élus et cadres de la Boucle du cacao de l’Etat de Côte d’Ivoire ?
Nous aimerions d’abord que les autorités de l’Etat prennent connaissance du livre blanc que nous aurons rédigé. Et qu’elles acceptent de prendre en compte les problèmes soulevés.

Confirmez-vous que la Cecb est une association apolitique avec toutes ces personnalités politiques qui y sont?
Oui, notre groupement est bel et bien apolitique, dans la mesure où les activités que nous menons n’ont rien de politique. Il est vrai qu’il est composé d’élus et de cadres qui militent dans des partis politiques.

Vous êtes députés Pdci de Bongouanou. L’un des derniers événements de votre parti est l’élection des présidentes des femmes. Mme Aka Véronique qui est une ressortissante de votre région, de surcroit, présidente du Conseil régional, a été élue présidente de l’Union des femmes Pdci rural. Comment la voyez-vous face au challenge qui l’attend ?
Je voudrais lui adresser les félicitations de la Cecb. Elle est membre d’honneur de l’association. Je la vois très bien dans son nouveau rôle parce qu’elle en a les qualités. Ce sont bien ces atouts qui lui ont permis d’être élue. Je lui souhaite plein succès dans sa mission.
Toujours concernant cette élection, Mme Ehui Odette, qui a été élue présidente de l’Union des femmes Pdci urbain, est aussi une fille de la Boucle du cacao. A elle aussi, je souhaite une bonne mission.

Apparemment, la Cecb est bien garnie et bien partie…
Oui, elle est bien partie. Je voudrais vous dire que l’une de nos missions est la promotion du genre. Cette ascension des deux dames ne peut que nous faire plaisir au moment où nous démarrons nos activités.

Vous-même vous êtes un exemple de promotion du genre. Cela commence à ressembler une particularité de votre région…
Effectivement, la promotion du genre fait partie des spécificités de notre région. La preuve, dès que la Cecb a été créée, automatiquement la décision a été prise de confier le premier mandat à une femme. Cela a été bien accepté par la chefferie. Lors de notre sortie officielle à Krindjabo, le 22 mai 2015, j’ai été faite Reine Mlan Alloua, du nom de la seule femme qui a effectivement régné en pays Agni.

C’est vrai qu’il n’y a pas que des Agni dans notre association. Mais ce fait montre que la promotion du genre est une caractéristique de notre sphère géographique.
Pour rappel, à la sortie de Krindjabo, nous avons eu une très grande cérémonie au cours de laquelle nous avons exposé une nouvelle fois notre projet à la chefferie traditionnelle. Il s’agissait, en fait, pour tous les chefs réunis par le roi du Sanwi, notre parrain, de donner leur avis sur cette organisation. Et je peux le dire, ils l’ont adoubée entièrement, le vendredi 22 mai. Le lendemain, c’était l’investiture de la présidente et son bureau.
Je voudrais profiter pour inviter tous les élus et cadres de notre zone à rejoindre la Cecb qui a été créée pour combler un vide dans le cadre de l’union et du développement. Je remercie ceux qui sont déjà membres. A savoir les membres d’honneur que sont les rois du Sanwi, N’denié et Djuablin. Je pense aussi à des membres d’honneur comme le ministre Aka Aouélé, Kouadio Morokro, Yves Yao Kouamé, Nanan Dery Dieudonné, le député Bénié Dakoua, Sanlé Crésor… Pour ne citer que ces personnalités.

INTERVIEW REALISEE PAR ALAKAGNI HALA

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